Ce 21 octobre Colette Nys-Mazure a été adoubée "Chevalier de la Tour de St Amand."
A cette occasion, j'ai eu l'honneur de faire l'éloge de ce grand écrivain et poète.
Eloge :
Pour honorer « Dame la Tour » c’est une grande dame de la littérature « Madame Colette Nys-Mazure » que nous adoubons aujourd’hui.
Écrivaine de grand talent, essayiste, nouvelliste, conteuse, dramaturge, et surtout poète, son oeuvre a été récompensée par plusieurs prix littéraires, dont le prestigieux Prix Max-Pol Fouchet pour le for intérieur.
Professeur de lettres (à la retraite), conférencière, animatrice d’ateliers d’écriture, elle collabore à différents journaux et revues.
Elle est membre de l'Association des Écrivains belges de Langue française. Mais la renommée de Colette Nys-Mazure s'étend bien au-delà de sa Belgique natale…
En Europe et en Amérique du Nord où elle participe à de nombreux colloques.
Colette Nys-Mazure est aussi une mère de famille (cinq enfants et, à ce jour, et une dizaine de petits-enfants),
« Une famille nombreuse et remuante autour d’un homme aimé » dit-elle.
Tout cela réuni, fait d’elle une femme, extraordinairement " singulière et plurielle ", pour reprendre le titre d'un de ses recueils.
Si à travers son écriture elle transmet du monde une vision de compagne, de mère, elle n’oublie jamais le dualisme entre la femme et l’écriture et nous le rappelle dans Trois suites sans gravité.
Si elle aime, comme elle se plait à dire, s’entourer « d’un noyau de femmes-soeurs qui écrivent, improvisent, jouent sur scène, elle n’est nullement féministe mais nous parle du féminin à sa façon et nous propose un art de vivre,
" Ce n'est qu'une femme occupée à tailler une large tranche de poésie dans le pain tout chaud des jours » dit-elle dans son ouvrage Célébration du quotidien.
Autant qu’elle s’en souvienne Colette a toujours aimé lire et écrire.
On était obligé dit-elle de placer les livres au plus haut des armoires pour mettre un frein à cette passion.
Enfant, les mots ont toujours eu quelque chose de magique, même ceux dont le sens lui échappait. C'était comme une musique, sa petite musique.
L’œuvre entière de Colette Nys-Mazure porte l’empreinte d’une enfance bouleversée par la mort brutale de ses deux parents alors qu'elle n’avait que sept ans, ce qui lui fait dire :
" Tout ce que je fais porte la marque de cette blessure irréparable mais peut-être féconde".
Enfant, Colette, écrivais des poèmes et des contes pour remercier l’oncle et la tante qui l’élevaient avec leurs enfants et, montait des petits spectacles lorsque la fratrie était réunie.
Chantal, la sœur de Colette, me confiait que pendant les vacances dans le jardin de leurs grands-parents : « ils étaient serrés les uns contre les autres dans de véritables cages à lapin, dressées verticalement pour leur servir de cabanes, et que Colette leur récitait des poèmes, racontait des films, parlait de ses coups de cœur.
Ce n’est que bien des années plus tard, après un long travail de deuil, dans l’enfant neuf, que Colette Nys-Mazure, retrouve son regard d'enfant pour relater ce tragique événement.
Pour elle « vivre, lire, écrire » sont trois verbes qui n’en forment qu’un.
C’est la vie de tous les jours qu’elle nous décrit et qui nourrit son écriture, entre un repas de famille nombreuse, un article à rendre où une conférence à préparer.
« Je vous écris d’une vie de femme » est d’ailleurs le titre d’un de ces poèmes.
Colette est une lève tôt par goût et par nécessité. C’est un moment privilégié.
« J’aime ce territoire vierge du petit matin, lorsque rien ne vient fêler la concentration », dit-elle.
Mais elle ne reste pas dans sa tour d’ivoire et mêle sa voix à d’autres poètes dans des publications communes.
Les résidences d’écrivains à Rome ou à la Villa Yourcenar, sont l’occasion de belles rencontres, notamment avec Claude Duneton mais aussi avec des écrivains allemands, russes ou espagnols.
Pour Colette Nys-Mazure, l’écriture est une passerelle qui l’aide à communiquer avec ses lecteurs, mais c’est aussi une " intime nécessité ". La poésie est, dit-elle, « sa langue maternelle ».
Elle est au cœur de l’humain et n’ignore rien des problèmes sociaux.
Par ses nombreux déplacements, ses aventures ferroviaires sont nombreuses : correspondances ratées, trains supprimés, bonnes et mauvaises rencontres, train en panne, retenue une nuit entière la veille d’un mariage.
C’est dire si la SNCF n’a plus de secret pour Colette. C’est peut-être bien pour cela qu’elle a écrit un livre « Battements d’elles », mettant en valeur le rôle des cheminotes, à la demande du Comité d’entreprise de la SNCF du Nord pas de Calais.
Dans la soixantaine d’ouvrages publiés à ce jour, Colette Nys-Mazure, nous parle du temps et de la destinée avec des mots simples.
Elle nous livre dans son approche poétique et dans son écriture, sa quête des valeurs qui donnent un sens à sa vie.
Ses thèmes récurrents sont, l'amour, l'enfance, l'écriture mais aussi le partage et la solitude.
Mais dit-elle : « si la vie moderne est marquée du sceau de la solitude …et qu’un gouffre nous sépare de l’autre, … nous ne sommes pas juxtaposés, mais mystérieusement reliés, tissés dans la trame universelle. »
C’est avec grand plaisir que nous invitons Madame Colette Nys-Mazure à tisser la trame des Chevaliers de la Tour.